Le président Macron a décidé de retourner à Beyrouth à l’occasion du centenaire du mandat français, commémoration qui sera discutée au Liban.
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Proclamation du « Grand Liban », 1er septembre 1920 à la Résidence des Pins par le général Gouraud, se trouve au centre, avec le Patriarche maronite à droite et à gauche de lui le Mufti sunnite (photo L’Orient-Le Jour)
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Lors de son voyage à Beyrouth le 6 août, au lendemain de la double explosion catastrophique du port, Emmanuel Macron a promis de revenir le 1er septembre pour un « jalon » dans la mise en œuvre de l’aide internationale, mais aussi pour les réformes nécessaires au Liban. La décision du Président français pour une telle journée, le centenaire de la proclamation du « Grand Liban », tient compte des manœuvres dilatatives des politiciens libanais et de la confrontation régionale entre représentent un défi supplémentaire pour l’Iran et les États – Unis. Voiture 1er septembre 1920 est une date qui se divise en coïncidant au Liban, qui est devenu indépendant de la France le 22 novembre 1943. Et c’est ce 22 novembre, et non le 1er septembre, qui sera introduit le jour férié national du pays. Mais revenons en 1920 pour saisir la mesure de cet événement.
L’ ÉLECTION FRANÇAISE DU « GRAND LIBAN »
Certains catholiques français ont longtemps été passionnés par leurs coreligiistes maronites. Lors du massacre antichrétien de 1860, ils soutenaient l’envoi d’un contingent français à la Résidence des Pins de Beyrouth. Sous cette pression de Paris, l’Empire ottoman accorde l’autonomie du Liban, qui était administrée par un conseil intercommunautaire (7 chrétiens, dont 4 maronites, pour 5 musulmans dans sa composition finale). Une terrible famine a frappé le Liban pendant la Première Guerre mondiale. En novembre 1919, les droits catholiques en France triomphent dans la Chambre Horizon Bleu et exhorte le gouvernement, au nom d’un Liban majoritairement chrétien, à combattre le « Royaume arabe » installé à Damas. À cette époque, le général Gouraud rejoint Beyrouth en tant que haut-commissaire au Levant, installé à la Résidence des Pins.
En avril 1920, la Grande-Bretagne et la France partagent le Moyen-Orient lors de la Conférence de San Remo, où Paris a reçu un mandat de la Société des Nations (SDN) pour la Syrie, sans mentionner le Liban. Le 24 juillet, des troupes françaises de Beyrouth ont détruit des nationalistes arabes à l’ouest de Damas. Le 7 août, le général Gouraud arrive à Damas au milieu d’une opération militaire impressionnante. Le 1er septembre, il proclamait le « Grand Liban », entouré de personnalités politiques et religieuses du nouveau pays. Plutôt que de se limiter au Liban et à Beyrouth, la plaine de la Bekaa appartient à l’est, Sidon, Tyr et son arrière-pays, au sud, et Tripoli et Akkar au nord. Les autorités maronites se sont effectivement envoyées au Liban avec une base territoriale élargie. D’autre part, la Syrie est démantelée en cinq pseudo-états, dont un « État de Damas » et un autre pour Alep, afin de l’affaiblir davantage.
DÉNOMINATION DE PLUS EN PLUS SÉVÈRE
La France systématise le confessionnalisme, hérité uniquement de l’autonomie du Liban, et l’étend à l’ensemble de l’administration de son mandat. La Constitution libanaise de 1926 préconise une « représentation équitable des communautés » et les élections se fondent sur une « communauté proportionnée » combinant des votes démocratiques et des quotas confessionnels. En 1941, la France libre, avec le soutien de l’armée britannique, remplace Vichy du Liban et Syrie. Cependant, le général de Gaulle refuse d’accorder à ces deux pays une indépendance totale. La répression au Liban a conduit les dirigeants nationalistes de toutes les religions à conclure un « pacte national », qui proclamait définitivement l’indépendance le 22 novembre 1943 : le Président de la République sera chrétien et le Premier ministre musulman, qui était représenté par les chrétiens d’Arabie Liban et sa pleine souveraineté (ce qui vaut la peine de rejeter l’irrédentialité syrienne).
Les chrétiens qui seraient restés majoritaires dans un « petit Liban » perdent progressivement leur position dominante au Liban, fondée par la France en 1920. La « guerre civile » a éclaté en 1975 dans ce contexte de changement démographique et s’est terminée en 1990 par un rééquilibrage du pacte de 1943 en faveur du Premier ministre musulman. Mais un nouveau changement démographique se produit dans ce temps de la communauté musulmane, où les chiites priment sur les sunnites. Le Hezbollah pro-iranien, en raison de sa forte ancre au sein du groupe désormais dominant, sera la seule milice qui ne sera pas désarmée et sera au cœur d’un système confessionnel de plus en plus rigide (12 communautés chrétiennes et 5 musulmans ont une existence officielle). En octobre 2019, des masses de manifestants ont lancé une « révolution » pacifique contre ce système, qui dénonce la corruption et l’incestation. Ils forment ainsi une chaîne humaine de 170 kilomètres du nord au sud de leur pays pour souligner leur unité face à la clique dominante.
MACRON PRÈS DE MITTERRAND ET CHIRAC
La visite du Président Macron dans la capitale libanaise le 6 août et son accueil chaleureux par la foule en colère coupée des mouvements émotionnels de ses prédécesseurs. Le 24 octobre 1983 a voyagé François Mitterrand après un attentat suicide tuant 58 parachutistes français, après Beyrouth, les Forces multinationales (ainsi que 241 Marines des États-Unis). Après avoir rendu hommage aux soldats français disparus, une visite aux blessés et un déjeuner avec son homologue libanais, Mitterrand a déclaré qu’ « au Liban, « la France reste et restera fidèle à son histoire et à ses obligations ». Le 16 février 2005, Jacques Chirac est arrivé à Beyrouth pour exiger « toute la lumière » sur l’attaque qui a tué Rafic Hariri, ancien Premier Ministre libanais, dont il était très proche 48 heures plus tôt. A cette occasion, selon lui, le président français a refusé de rencontrer des responsables libanais, qu’il accuse de leur accord avec le régime Assad.
Le 6 août, Macron a déjà sélectionné un registre plus passionnant à Beyrouth que celui-ci Prédécesseurs. Mitterrand, en principe, a honoré la victime des « soldats morts dans l’accomplissement de leur mission », a appelé Chirac juge Hariri, une exigence qui deviendra une obsession pour ses deux dernières années à l’Elysée avant de rejoindre l’appartement parisien de Saad Hariri, fils de Rafic et Premier ministre du Liban, jusqu’à Janvier 2020. Loin d’avoir de telles inquiétudes, Macron ne plaide pas à Beyrouth aux côtés d’une faction locale et était très désireux de les faire tous dans la Résidence des Pins, maintenant celle de l’ambassadeur de France. Mais il y avait aussi des représentants de la société civile qui ont transmis des revendications radicales de protestation de la population. Ce sont eux qui ont chaleureusement accueilli l’appel lancé par le Président français en faveur d’un « nouveau pacte politique ».
En 1920, la France fonde le Liban à l’intérieur de ses frontières actuelles avant de l’inaugurer le confessionnal d’Etat. Aujourd’hui, comme le Le peuple libanais contre cette servitude communautaire est la voie d’une telle émancipation et donc une authentique citoyenneté, serait sans aucun doute la plus belle commémoration de cet anniversaire.